sur le ventre pendant qu’il était soldat, il avait paru plus commode de le décorer que de le guérir.
Un jour je me suis mis en peine de savoir si l’expérience
de Monsieur Sureau ne renfermait pas un
enseignement qui dépassât ma profession.
À ce moment-là il vivait comme tout le monde ;
et je m’étais quelquefois demandé à quoi il s’exposait
en se divertissant si totalement de son malheur.
Jeté dans le plâtre par sa blessure, il avait retourné
sa pensée contre la vie dont il la tenait. Et déjà
le don que je lui reconnaissais d’être le spectre
de ce qu’il y avait de plus indéniable en lui me
faisait peur. Souvent, dans les conversations qui
nous penchaient sur ses douleurs physiques, il
m’avait paru perverti dans son souffle parce que
le refus de ce qui le faisait homme avait corrompu
son désir et ne rouvrait en lui-même les sources
de l’invention que dénaturées et mortellement
opposées à ce monde. Avait-il assez souffert pour
arriver à le comprendre ? Un jour, je le pris par
le bras et, avec un accent aussi convaincu que
possible, je lui criai dans la figure :
« Je m’explique de moins en moins que vous ayez
cessé d’écrire. Quels beaux poèmes vous auriez