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la terreur en macédoine

Marko continue en s’animant :

« Si l’Albanie, au point de vue national, n’est plus qu’un nom, je ne suis plus, moi, qu’un prince sans principauté, qu’un seigneur sans apanage, qu’un général sans soldats, car je compte pour rien ces privilèges que nous octroyé le maître comme un os à ronger… le droit au titre de bey… à la bannière… à la perception de l’impôt…

— Alors, que demandes-tu ? interrompt le gouverneur.

— Je voudrais une Albanie province de l’empire ottoman… mais avec ses coutumes, ses lois, son territoire… une sorte de vice-royauté qui, administrée par un homme énergique, populaire, dévoué au sultan jusqu’à la mort, deviendrait le plus beau fleuron de la couronne impériale…

« Cet homme, conscient des besoins et des aspirations du pays, débarrasserait notre Albanie musulmane du chrétien sectaire, du Slave infidèle, cet éternel élément de discorde.

« Qui veut la fin veut les moyens ! Le chrétien raisonneur, enclin à la révolte, ennemi juré de notre foi, élargit chaque jour la fissure par où pénétrera la ruine de l’Islam ! Il doit disparaître, fût-ce dans des flots de sang. Et cette Albanie unifiée, amputée de l’élément chrétien, serait, avec ses montagnes, ses ravins, ses torrents, ses forêts et surtout avec ses hommes de fer, la vraie forteresse de l’Islam, devant les principautés slaves qui rongent l’empire ottoman !

— Encore une fois, que demandes-tu ? répète le gouverneur.

Ainsi interpellé Marko répondit avec son audace coutumière :