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la terreur en macédoine

sa prise de possession. Et cette question délicate, épineuse même, ne semble aucunement démonter sa belle assurance.

Au palais du gouvernement se trouve annexé le télégraphe qui relie Prichtina et le vilayet à Constantinople. Marko prend un crayon, une feuille de papier, se gratte un moment la tête, écrit, rature, recommence, tâtonne, réfléchit, écrit de nouveau et relit !…

« C’est cela !… c’est bien cela, dit-il triomphant. Ce n’est pas un style télégraphique, mais ce sera beaucoup plus clair et je n’ai pas à faire d’économie de mots. »

«… J’ai l’honneur d’informer Son Excellence Mourad-Pacha qu’une révolte vient d’éclater à Prichtina. Mouvement très mal défini et opéré par des paysans, des soldats mécontents et des Slaves de Bulgarie ou de Serbie. Me trouvant à proximité, j’ai pu enrayer la révolte avec beaucoup d’or et un peu de sang. Du reste, j’appelle à mon aide trois mille Albanais qui me seront fidèles jusqu’à la mort. Avec cette garnison albanaise intrépide, bien armée, incorruptible et qui m’obéit aveuglément, je réponds de l’ordre et du bon état des finances. Il me sera possible de verser aux mains de Son Excellence la somme de dix mille bourses (1.140.000 francs) pour les besoins du Trésor. Cette contribution sera opérée en or et sous huitaine.

« Pour assurer l’ordre et le fonctionnement, des différents services, j’ai cru devoir prendre du moins provisoirement le titre et les attributions de vali : si Son Excellence daigne me les confirmer, je me charge d’étouffer tout soulèvement et de remplir le Trésor.