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la terreur en macédoine

glisse dans une flaque de sang et tombe en maudissant les tortionnaires.

Les brutes infâmes la saisissent, l’attachent et l’asseyent sur le banc où agonise le vieux prêtre.

Le boucher amateur a terminé son atroce besogne. Il brandit une loque rouge et grogne :

« Voici la peau ! »

Il aperçoit la femme et une idée infernale traverse son immonde cervelle. Il laisse tomber l’effroyable débris, empoigne l’enfant, l’étalé sur les genoux de la mère, et froidement, méthodiquement, se met à le découper en menus morceaux, comme sur le billot d’un boucher !

Puis, il la laisse agonisante, pétrifiée d’horreur, les yeux exorbités, implorant la mort libératrice, trop lente à venir, hélas !

Eh quoi ! de tels forfaits vont rester impunis ? Des vengeurs ne surviendront pas pour débarrasser l’humanité de ces monstres !…

Ils sont trop ! Et d’ailleurs, qui donc songe à une résistance que le manque d’armes, d’organisation, de volonté, rend impossible !

Cependant, le pillage, le vol, l’incendie, l’assassinat sous ses multiples et atroces variantes, continuent, Rien ne lasse, rien n’arrête la férocité des égorgeurs chargés d’or, gorgés de vin, ivres de fureur. Il y a plus de quinze cents cadavres qui jonchent les rues.

La moitié des maisons brûlent et les ruisseaux charrient du sang !

Et ce n’est pas seulement l’homicide raisonné, méthodique, implacable. C’est toujours et surtout la torture savante, la mutilation raffinée, le dépècement