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la terreur en macédoine

des corps, la désorganisation sauvage de l’organisme humain.

Cependant le groupe immonde quitte l’église pleine de sang et de chairs pantelantes. L’écorcheur pique au bout d’une baïonnette la peau du vieillard, et l’arbore avec des cris de joie, comme un étendard.

Ils sont une vingtaine qui se groupent autour de l’écœurant trophée, en poussant des hurlements de démons.

Ils cherchent de nouvelles victimes. Chose étrange, au milieu des boutiques béantes, des maisons éventrées, des bâtiments de toute nature en flammes, il est un petit îlot de constructions qui semble n’avoir pas été touché.

Deux maisons de pierre, assez hautes, mais trapues, solides, ont conservé intactes leurs portes, leurs murailles, leurs terrasses. Sont-elles abandonnées ?… habitées ?… protégées par quelque influence occulte ?…

Sopadjis et zaptiés se les montrent du bout de leurs armes rouges, et l’écorcheur s’écrie :

« Elles n’ont pas la marque !…

« Il y a quelque chose là… c’est étrange… il faut voir. »

Ils accourent pour tenter d’ouvrir les portes. À peine sont-ils à trente pas que, du haut d’une terrasse, un flocon de fumée blanche surgit. En même temps, un coup de feu retentit.

Le bandit qui porte le hideux trophée s’écroule tout d’une pièce, avec une balle au milieu du front ; sa cervelle rejaillit sur ses voisins qu’il éclabousse et qui s’arrêtent, frappés de stupeur.

Presque aussitôt, une deuxième détonation éclate,