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la terreur en macédoine

éclate, puis une troisième, puis une quatrième. Et soudain, comme des capucins de cartes, trois hommes fusillés avec une mortelle précision s’abattent, raides morts, sur le premier.

En même temps, une voix sonore, bien timbrée, un peu ironique, leur crie :

« Nous ne vous avons rien fait !… vous nous attaquez sans motif… vous feriez mieux de nous laisser tranquilles, car nous sommes de taille à nous défendre.

« À preuve ! n’est-ce pas ?… »

Se sentant en nombre, les assommeurs, très ivres d’ailleurs, poussent des cris furibonds et profèrent d’horribles menaces.

« Coquin !… chien d’infidèle !… fils de truie… nous t’étranglerons avec tes boyaux… à mort !… à mort !… à mort… le giaour qui a tué nos frères !… »

Et comme ils se ruent de plus belle vers la porte, la voix crie de nouveau :

« Vous ne voulez pas nous laisser en paix ?… eh bien ! tant pis pour vous !…

« Feu !… »

Cette fois, non pas quatre, mais cinq coups de fusil retentissent. Un véritable feu de peloton. Et cinq des bandits, hurlant, gesticulant, exécutent une triomphante cabriole.

Cabriole mortelle, qui culbute leurs corps au milieu de ceux des victimes. Puis, cadavres de massacreurs et cadavres de massacrés demeurent isolés dans la navrante et fraternelle promiscuité de la mort.

Malgré leur fureur, malgré leur ivresse, surtout leur ivresse, les misérables n’osent plus avancer. La peur les envahit. Cette peur des lâches enhardis par