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la terreur en macédoine

vengeur, il se dresse de toute sa hauteur et lance à la volée le globe de métal.

La ficelle s’arrache de l’intérieur et reste au poignet. Mais l’« orange » décrit une courbe rapide et tombe au milieu des gredins empilés sur la terrasse.

Vivement le jeune homme se baisse pour s’abriter, et murmure, le cœur battant :

« Pourvu qu’elle ne rate pas ! »

En même temps une détonation formidable retentit ; secouée comme par un tremblement de terre, la maison oscille. D’effroyables clameurs partent de la terrasse d’où jaillit à pic une colonne de fumée blanche. Une averse de débris tombe sur les autres qui, d’en bas, donnent l’assaut, et s’arrêtent terrifiés.

Et Joannès gronde :

« Bandits !… c’est la revanche…

« Et ce n’est pas fini !… »

Il saisit une autre boule, émerge au-dessus du rempart, et renouvelle ce geste dévastateur.

Boum ! on dirait un coup de canon. Mieux encore, l’explosion d’une mine. L’effet est terrible !

Saisis d’une ardente curiosité, les patriotes cessent le feu, se dressent et regardent.

La terrasse effondrée n’existe plus. Pulvérisés par une force inouïe, les matériaux se sont abattus, mêlés à des corps mutilés. Tout est disloqué, béant, anéanti. Il n’y a plus debout que les quatre murs et ils menacent ruine.

Au fond de cette cavité qui fut la maison, se tordentdes blessés atteints de ces lésions effroyables causées par les grandes explosions. Au milieu d’eux s’agitent, cherchant une issue, des gens sains et saufs par miracle. Et un lugubre concert de hurlements, de