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la terreur en macédoine

ravagée, cherchant à percevoir, quelque vague indice, là-bas, sur les chemins déserts.

« Viendront-ils ? » dit à demi-voix le jeune chef.

Du côté du chemin de fer s’élève le roulement cadencé d’un galop rapide. Le roulement grandit, s’approche et se mêle à des claquements de roues métalliques, au brouhaha d’un convoi en marche.

Le ciel se teinte de rose. La campagne s’éclaire au loin. Du haut de leur poste, les patriotes aperçoivent, débouchant de la gare, une troupe nombreuse de gens à cheval. Puis des attelages, par groupes de six chevaux, puis des fourgons.

« Tiens ! des canons… s’écrie Mourad… j’en vois deux. »

Joannès pâlit et gronde :

« Oh ! les misérables… les lâches !

— Je crois que c’est fini de rire, dit Panitza, personnage volontiers silencieux.

— Bah ! ils ne nous tiennent pas encore, reprend Mourad.

« Nos artilleurs tirent comme des maçons… ils devront se mettre en batterie assez près… c’est-à-dire à portée de carabine… et alors…

— On pourra les écheniller à l’aise, conclut Michel.

— Ainsi, tu crois que ces canons sont pour nous attaquer ?

— C’est clair comme le jour qui se lève. »

Contre les prévisions de Mourad, les pièces sont mises en batteries assez loin. 2.000 mètres environ. En belle place, d’ailleurs, et sur un petit plateau qui domine la ville.

Marko a rejoint la troupe qui l’acclame et lui rend les honneurs dus à son rang. Puis un quart d’heure