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la terreur en macédoine

L’un porte une lampe à réflecteur et lui en projette aux yeux l’aveuglante lumière. L’autre, armé d’un revolver, lui en applique le canon sur la poitrine.

« Qui es-tu ?… Que veux-tu ?… demande à voix basse, mais d’un ton résolu, l’homme au revolver.

— J’accours de la part de Joannès.

— La preuve ?

— Regarde ! »

Il tire de sa poche le foulard rouge et répond : « Tu connais cela ?

— Oui… donne !… c’est bien de Joannès ! Il est en péril ?

— Ils sont tous en danger de mort… lui, Michel, Panitza, Nikéa, mon ami Mourad…

— Viens ! suis-nous ! La règle veut que l’on bande les yeux à tout étranger… Pour toi, c’est inutile.

« Nous te connaissons ! tu as été brave et fidèle… Allons, viens, Soliman. »

Sans s’étonner, en bon fataliste, il suit les deux hommes, enfile avec eux un long couloir, descend une vingtaine de marches et débouche dans une cave. Ou plutôt une crypte, un souterrain immense illuminé à l’entrée par des lampes qui brûlent devant les saintes icônes.

Le souterrain se prolonge au loin, tout noir, avec un relent de moisissure. Cependant, le messager distingue, sur les parois jaunâtres de tuf, des râteliers garnis de fusils, de cartouchières, de baïonnettes et de sabres. Un véritable arsenal.

Une trentaine d’hommes sont assis sur des barils ou sur des caisses. Ils ont le costume de paysan.

Veste en drap feutré, culottes bouffantes, avec les jambes serrées, à la montagnarde, par des courroies