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la terreur en macédoine

— Kossovo sanglant ! »

C’est l’alarme des révoltés ! c’est le cri suprême ! l’appel angoissé des martyrs en péril.

Isolément, tous ces volontaires obscurs et sublimes accourent, sans hésiter.

Ignorant s’ils reverront jamais l’humble nid façonné par leur ingénieuse tendresse, ils se dirigent à travers les ténèbres du côté de Lopat.

Ils arrivent époumonnés, hors d’haleine, au souterrain qui lentement s’emplit. À quatre heures du matin, ils sont exactement cent cinquante.

C’est peu ! Et leur chef, le pope Athanase, frémit en voyant ce petit nombre. Mais ils sont vigoureux, intrépides, animés par, le sentiment du devoir, et prêts à l’ultime sacrifice.

« Ah ! gronde le pope, si nous avions seulement vingt-quatre heures de répit !… quelle revanche !… quel coup de tonnerre. »

Apprenant le danger mortel couru par Joannès, leur idole ; par Nikéa, leur bon génie, les révoltés réclament à grands cris des armes.

« Des fusils !… pope !… des fusils… mets-toi à notre tête et partons.

— Des fusils !… par le Dieu juste !… je n’en ai pas pour tout le monde… Voyons… les meilleurs tireurs… »

Le petit arsenal renferme seulement cent martinis.

Le pope les distribue avec vingt-cinq cartouches par personne.

« Et surtout ménagez vos coups… nous n’avons plus de munitions, mes chers amis !

« Mais nous avons des faux et des bombes…