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la terreur en macédoine

Surpris, mais non effrayés, intrépides comme ceux qu’ils poursuivent, les cavaliers mettent pied à terre. Ils saisissent leurs carabines et répondent au feu des patriotes. Riposte sans danger, car ils tirent au hasard, dans la direction des fumées de la poudre.

Mais les fantassins arrivent à leur tour et résolument s’engagent dans le sentier. Ils ne commettent pas l’imprudence de se grouper. Ils s’éparpillent et, prenant le tactique de leurs adversaires, avancent en utilisant avec une habileté singulière ce terrain si propice aux embuscades.

Lentement, pas à pas, les hommes de Joannès se retirent. C’est alors, entre les deux troupes, un assaut de ruse, de vigueur et d’adresse. De temps en temps résonne un coup de feu. Un sifflement déchire l’air si pur de ces hauteurs. Une tête ou une épaule imprudemment découverte se rentre derrière l’abri…

En même temps, l’assaillant riposte, au jugé, sur la fumée. Dix coups pour un ! Quelquefois un cri de douleur, un gémissement, une imprécation succèdent au fracas de la poudre. Un corps s’écroule, glisse et roule, tout flasque, de crête en crête, vertigineusement, sur la pente abrupte.

On gagne de part et d’autre quelques pas. Néanmoins, les sacripants de Marko, tenus en respect par les patriotes, n’avancent que lentement. Malheureusement ces derniers subissent des pertes cruelles. Trois ont déjà succombé. Deux sont blessés, légèrement il est vrai, mais il est à craindre que la perte de sang ne les épuise bientôt.

La lutte continue, implacable, au milieu de ces escarpements où le moindre faux pas amènerait une chute effroyable !