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la terreur en macédoine

piration coupée, la jeune femme s’enfuit machinalement, ayant conscience d’avoir fait quelque chose de formidable et de très beau !

En même temps, la montagne tremble, disloquée de la cime à la base, comme si elle allait s’effondrer. Une explosion épouvantable secoue les rocs, désarticule les pics et fait crouler des avalanches de pierrailles.

Un cri de triomphe échappe aux patriotes.

« La dynamite !… la dynamite !… »

Nikéa se trouve au milieu d’une foule de gens en délire qui se ruent vers l’entrée de la caverne d’où sort une énorme colonne de vapeurs.

Un courant d’air violent chasse cette fumée acre et suffocante qui monte, en tourbillons, au-dessus de la petite forteresse.

Tout pâle et rayonnant d’une joie surhumaine, Joannès, debout devant l’entrée, attend que la fumée soit dissipée.

À la force du courant d’air, il comprend qu’il y a une issue de l’autre côte.

Et par cette issue, la fuite possible… la délivrance… la liberté !

Au risque de s’étouffer, les patriotes vont envahir la caverne, se bousculer dans la tranchée, s’écraser à l’extrémité du souterrain au fond duquel luit une clarté intense.

D’un mot, Joannès les arrête :

« Halte ! et par deux de front !….

« D’abord les femmes… puis les blessés… »

Ces braves gens sentent que leur précipitation va produire un désastre. En un moment la colonne se forme.