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la terreur en macédoine

planade. Un plateau qui, à travers la montagne ouverte, fait suite à celui de Nivia, leur sert pour l’instant de refuge.

Adieu, souffrances, périls, angoisses ! Dans leur enthousiasme, ils oublient tout, jusqu’à la faim, l’horrible faim qui depuis des jours les torture !

Pour la première fois, ils se sentent vivre.

Enfin, Joannès apparaît. Il sort le dernier de cette caverne maudite que son génie et son intrépidité ont littéralement éventrée.

Debout au milieu de la brèche qui l’encadre, il pousse à son tour le cri libérateur :

« Vive la Macédoine !… vive… »

Des cris, des coups de feu partis du souterrain lui coupent la parole… Il tressaille violemment et chancelle… une balle vient de l’atteindre par derrière !…

Hagard, l’œil fixe, il contemple avec un indicible regard d’amour et de regret Nikéa qui, folle de douleur, le reçoit défaillant dans ses bras.

Les Turcs arrivent !

Un moment arrêtés par l’héroïsme de la jeune femme qui sauva la retraite, ils ont franchi le pont que rien ne défendait plus et enfilé la tranchée souterraine.

Hurlants, furieux, exaspérés, ils assurent leur marche à coups de fusil, craignant toujours une embuscade.

Dans un moment ils vont déboucher en territoire bulgare, et massacrer les fugitifs épuisés.

Qu’importe à ces brigands une violation de frontière… Ils ont le nombre et la force… ils ignorent les préjugés et se moquent un peu des barrières nationales !