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la terreur en macédoine

Avec un sang-froid inouï, bien que ses doigts immondes ruisselassent de sueur, le vieux lève le couvercle et fait signe à l’officier de fouiller au milieu des roses. Tout cela sans un mot, sans précipitation, sans trace d’émotion.

Machinalement, comme pour ne pas en avoir le démenti, le capitaine introduit sa main au milieu des pétales odorantes. Ses doigts rencontrent un petit coffret de fer.

Il le retire, l’ouvre, et le trouve à demi plein de sequins d’or.

Aussitôt sa figure s’épanouit largement à la vue de ce bacchich vraiment royal que lui octroie le dieu Hasard. Le vieux fait le geste de secouer le coffret. L’officier comprend et obéit. Les pièces d’or frappant les parois de fer reproduisent ce bruit de métal si malencontreux et si compromettant.

Et soudain replongé dans sa stupide indifférence, le vieil ânier, toujours muet, attend l’ordre de partir, sans plus s’occuper de cet or dont il semble à peine soupçonner la valeur. Cette petite scène a duré tout juste une minute. Tout en estimant sa trouvaille de bonne prise, le capitaine se dit :

« Une pareille somme… cela ne peut être que pour le colonel.

« Mais arrive qui plante !… ce qui est bon à prendre est bon à garder… que le vieux Timoche se débrouille…

« Moi, je m’en moque ! »

Voulant mettre son butin en lieu sûr, craignant à son tour une observation de l’ânier, il fait de la main un grand geste vers l’Occident et s’écrie :

« Allez ! »