Page:Boussenard - La Terreur en Macédoine, Tallandier, 1912.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
la terreur en macédoine

— Cela fait tout juste vingt-quatre mille ?

— Et lourd ?

— Pas trop.

« Chaque cartouche pèse vingt-sept grammes… alors cela fait deux kilogrammes par paquet de cent… Chaque baudet en portait huit… et cela n’a rien d’excessif…. même avec le poids des carabines… »

Pendant ce colloque dont les mots jaillissent, se croisent, se heurtent, chaque homme ramasse une brassée de fusils, Timoche et Andréino les premiers.

« Du leste ! hein, camarades ! » s’écrie le vieux, en homme habitué à commander.

Le groupe affairé se précipite vers un grand bâtiment, encombré de récipients bizarres, d’appareils en cuivre avec des tuyaux contournés, des bouteilles de formes différentes et d’où, s’exhale une odeur de rose violente, jusqu’à la nausée.

Dans un coin, une vaste cuve, pleine d’un liquide bouillant, est posée à plat sur le sol. Sous les épais nuages de vapeurs blanches ; qui s’en échappent, elle doit peser un poids formidable. Les hommes s’arrêtent, pendant que Timoche prend dans une de ses poches un couteau. Il l’ouvre et engage la lame entre les deux dalles.

Sous une pression légère, une de ces dalles se soulève brusquement, découvrant une cavité au fond de laquelle se trouve un solide anneau, de fer. Timoche tire fortement sur l’anneau, et soudain la cuve, sous une poussée irrésistible, probablement celle d’une force hydraulique, se déplace lentement, lentement, démasquant l’ouverture d’un puits.

Un mince escalier de fer y descend à pic.

Un à un, les hommes s’y engouffrent, déposent leur