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la terreur en macédoine

dehors, on entend des éclats de voix, des froissements de métal.

Puis un ordre bref, impérieux :

« Ouvrez ! au nom du sultan notre maître… »

Porte toujours close ! Silence de mort !

Les coups résonnent, plus rapides et plus violents. Rien ne bouge à l’intérieur.

La voix reprend, plus brève et plus courroucée :

« Cinquante coups de bâton au directeur… vingt-cinq à chaque employé…

« À présent, ouvrez !… »

Rien ! rien que les halètements lointains de la machine à vapeur et le ronronnement des organes de l’usine.

« Vous êtes des idiots, continue la voix ; je venais en ami… Maintenant, il est trop tard !… je vous ferai tous fusiller !

« Vous, camarades, enfoncez la porte à coups de hache… »

La porte, attaquée vigoureusement, résiste. Au dehors, on entend des cris furieux, des menaces terribles. Brusquement, les deux panneaux s’ouvrent tout grands.

« En avant !… hurle l’officier qui commande le peloton.

« En avant et massacrez tout ! »

Exaspérés par J’attente et ce semblant de résistance, les Turcs se précipitent baïonnette au canon et envahissent la cour.

La porte, actionnée par un mécanisme invisible, se referme sans bruit derrière eux, sans même qu’ils s’en aperçoivent.

Il se trouvent dans une petite cour close par deux