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la terreur en macédoine

ribles, Marko rejoint Joannès et gronde, avec une haine indicible :

« Enfin !… je te tiens donc… Oh !… je ne croyais pas qu’on pût tant haïr… et qu’on éprouvât tant de joie à verser le sang !… »

Toutes ces rodomontades ne troublent guère Joannès. Il conserve son merveilleux sang-froid et riposte, avec ce haussement d’épaules qui lui semble familier :

« Pour la première fois nous sommes du même avis, Marko !

« Oui ! cette haine atroce, je l’éprouve… oui… je goûte cette ivresse monstrueuse du sang qui va couler…

— Le tien !

— Qui sait ?

— Je vais te tuer !… je le sens à ce frémissement qui m’agite et qui ne m’a jamais trompé… Et, en te tuant, il me semble que j’anéantirai ces chrétiens maudits… ces rebelles… ces ennemis jurés de notre maître, le sultan, de notre Dieu, Allah !

— Et moi aussi, je veux te tuer… débarrasser ma patrie de Marko le Brigand… le monstre qui incarne en lui ces musulmans fanatiques et féroces… les bourreaux de notre race et de notre foi !

— Eh bien ! en garde et défends-toi !

— Je suis prêt ! »

Rompu dès l’enfance à la redoutable escrime du sabre, Marko attaque avec fureur. Plein de mépris pour ce chétif adversaire qui ne lui arrive pas à l’épaule, il néglige même les précautions les plus élémentaires.

Du reste, la victoire lui semble absolument certaine.