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la terreur en macédoine

nais de Marko et les patriotes de Joannès. Et cette vision infernale fait abaisser aux deux chefs interdits les armes qu’ils allaient croiser de nouveau.

Tout cela d’ailleurs est si rapide qu’il est impossible de rien concerter, de rien résoudre… Un nom vient sur les lèvres de Joannès qui s’écrie :

« C’est Michel !… oh ! mon brave Michel ! »

Déjà le mécanicien, qui siffle éperdument, vient d’arrêter le convoi. Les portières se sont ouvertes avec fracas et des centaines de soldats turcs, fous de rage et de terreur, ont sauté sur la voie. Ils se heurtent aux agresseurs. Des coups de feu sont tirés à bout portant, et des bombes éclatent avec leur flamme livide. On se larde à coups de baïonnette, et en une seconde, la lutte reprend plus furieuse entre ces adversaires qui semblent ignorer la présence de Joannès, de Marko et de leurs contingents respectifs.

Les balles sifflent de tous les côtés aux oreilles des deux clans témoins du duel entre les chefs. Ces hommes ne peuvent plus tenir en place. Des deux partis on a crié : « Aux armes !… aux armes !… » et brusquement la trêve s’est trouvée rompue.

Une violente poussée a séparé Joannès de Marko, et arrêté le combat singulier.

Marko montre le poing à Joannès et hurle :

« Nous nous retrouverons !… tu n’as pas victoire gagnée !… »

Joannès brandit son sabre et riposte :

« Tais-toi, fanfaron !… oui, nous nous retrouverons et ce sera ton dernier jour !

D’instinct, Albanais et patriotes se précipitent sur la voie où l’on se massacre avec frénésie.

« En avant !… en avant !