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la terreur en macédoine

« Comme prisonniers, nous avons droit aux égards de ceux qui nous ont pris, du moins s’ils sont des soldats et des civilisés.

— Vraiment ! voyez-vous cela !… riposte Marko, frappé malgré lui de cette dignité sans emphase, de cette fermeté sans jactance.

« Et comment t’appelles-tu, monsieur… l’homme qui veut des égards ?

— Michel Kégovitch.

— Et cette femme ?

— Hélène Sanvico, ma fiancée.

— Tu dis, Sanvico !… il me semble que nous sommes un peu cousins », reprend Marko en dévisageant la jeune fille.

Hélène répond bravement :

« C’est possible ! mais il y a longtemps… alors que tes ancêtres, chrétiens, combattaient, à côté des miens, le musulman.

« Aujourd’hui, nous ne pouvons plus être du même sang, puisque tu es devenu le bandit turc qui massacre le chrétien !

— Tiens !… tiens !… s’écrie Marko en éclatant de rire, cette petite créature qui raisonne !

« Sais-tu, Michel Kégovitch, que vous élevez bien mal vos femmes. Ah ! mon pauvre garçon ! tu ne seras pas le maître dans ton ménage… et cela me contrarie pour toi !

— Et qu’est-ce que cela peut bien te faire ? riposte Michel en haussant les épaules.

— Cela me fait énormément… au point de me désoler !

« Car je suis bon !… chacun sait ça… je suis d’une bonté… comment dirai-je ?… idéale !… oui… c’est