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la terreur en macédoine

bien le mot… je suis d’une bonté idéale… et il m’est impossible de voir souffrir quelqu’un… alors, pour t’éviter d’être malheureux en ménage, je vais être forcé de t’empêcher d’épouser ma cousine qui raisonne trop… qui serait le maître et la maîtresse, et qui te tyranniserait du matin au soir, sans trêve ni merci !

— Nous empêcher d’être l’un, à l’autre ! s’écrie Hélène en entourant de ses bras son fiancé. Ah ! je t’en défie bien… car la mort seule pourrait nous séparer… entends tu : la mort seule !

« Tu nous tueras plutôt !

— Oui !… oui !… c’est bien ce que je viens de dire… la femme veut !… elle ordonne !… elle défie !… et il faut obéir.

« J’obéirai donc ! parce que je suis non seulement bon, mais encore bien élevé.

« Non, mes enfants, je ne vous séparerai pas… il ne faut jamais faire le bien des gens malgré eux ! Puisque vous êtes fiancés, restez donc fiancés !

— Mais enfin, que veux-tu faire de nous ? interrompt Michel énervé par ce jeu cruel, sous lequel il sent la griffe du tigre à face humaine.

— Mais, combler vos vœux… vous unir pour la vie… ne jamais vous séparer… même dans la mort ! réplique Marko avec son rire sinistre.

« Et ce ne sera pas long ! »

À ce moment, le soleil apparaît. On entend des cris lointains, puis le Qui vive ! des sentinelles. Deux hommes accourent, sans armes. Ils viennent du côté de la montagne et portent l’uniforme des réguliers de Marko.

On les arrête et on les amène au pacha qui leur crie brutalement :