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la terreur en macédoine

quelques vieillards, des femmes et des enfants qui arrivent, étonnés. Et cette réflexion traverse l’esprit de chacun :

« Tous les hommes en état de porter les armes ont suivi Marko-Pacha à l’armée. »

Brusquement, ce silence qui pesait si lourd sous la poterne est rompu. Des coups formidables résonnent sur la porte, et une voix impérieuse, qui sonne comme un clairon, profère des appels accompagnés de menaces.

C’est la voix de Marko…

« La porte !… mille tonnerres… ouvre la porte !…

« Eyoub !… tu es là ?… tu m’entends ?… »

— Je te défends d’ouvrir ! » fait Nikéa d’une voix basse et sifflante, en dardant sur le burgrave l’éclair de son regard.

Les coups sonnent de plus en plus fort et la fureur de Marko s’exhale en imprécations :

« Eyoub !… tu es là… si tu n’obéis, je ferai cuire à petit feu ta vieille carcasse… Ouvre vite !… mille tonnerres ! tu sais pourtant que je ne répète jamais un ordre.

— Elle ne veut pas… seigneur bey !…

« Par l’âme du prophète dont elle est inspirée… je vous jure qu’elle ne veut pas ! balbutie le vieux en chevrotant.

— Tu es fou, vieux gredin !… Ouvre, te dis-je ! ou par la barbe de mon père… je massacrerai tous ceux de ta famille !…

— Va !… retire-toi… disparais… rentre dans ta demeure, dit de sa voix basse Nikéa en le poussant du bout des doigts.

« Va !… l’ange l’ordonne… va… je le veux, et moi