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la terreur en macédoine

cinq mètres, Nikéa, à laquelle obéissent militairement les patriotes, s’est constituée commandant de place. Accompagnée d’un peloton en armes, elle passe une revue rapide et détaillée de la forteresse.

Pour plus de sécurité, elle escalade les gradins qui accèdent au sommet de ces murailles cyclopéennes et d’où l’on aperçoit la région entière à dix lieues à la ronde.

Elle voit tout près, à les toucher, les chevaux abandonnés dans la plaine par les rebelles, et qui fraternisent avec ceux que les hommes de Marko ont également délaissés pour escalader la montagne.

Il y a là tout un escadron, et pas un cavalier. Chose étrange et alarmante, le pacha et ses Albanais ont disparu comme si la terre les avait engloutis !

Justement inquiète, Nikéa descend et va en toute hâte faire part à Joannès de cet escamotage. Elle le trouve occupé à une singulière besogne. Pendant que Démètre, avec sa baïonnette, écarte les ronces et les broussailles, Joannès, lui, sans souci des épines, colle son oreille à la paroi de la montagne. Voyant venir Nikéa, il met un doigt sur ses lèvres…

« Silence ! »

Puis, de la main tendue, avec flexion du haut en bas des doigts, il lui fait signe de marcher doucement.

Elle s’arrête pendant qu’il ausculte attentivement la terre, et attend le résultat.

Le chef se relève et dit, d’une voix basse comme un souffle :

« L’ancien passage est là !… nous l’avons retrouvé… Il ne peut donner issue qu’à un seul homme à la fois !

— S’il avait échappé à nos recherches, nous étions perdus !