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la terreur en macédoine

« Demeurez immobiles… tenez bon les cordes et attendez mon signal. »

Un quart d’heure s’écoule dans une immobilité absolue.

Enfin, un grincement sort de terre. La masse qui bouche hermétiquement l’ouverture du souterrain se déplace avec lenteur sous une poussée irrésistible. Une tête barbue, coiffée d’un tarbouch, apparaît au ras du sol, dans l’encadrement des végétaux entremêlés.

Incrustés pour ainsi dire à la paroi verticale de la montagne, les Patriotes ne font pas un mouvement.

La tête s’avance et deux mains s’appuient à la base du trou. L’homme regarde à droite et à gauche, n’aperçoit rien, et dit à demi-voix :

« Tout va bien !… rien de suspect… nous sommes seuls… ils ne se doutent de rien. »

Il s’allonge, sort jusqu’aux épaules son torse robuste et va s’arracher du conduit…

Mais Joannès, couché à plat ventre juste au-dessus de l’ouverture, lève son bras armé d’un poignard à lame courte, large, en forme de feuille. L’arme terrible retombe sans bruit sur la nuque de l’homme, au ras du cervelet, tranchant net la moelle épinière.

Sans un cri, sans une convulsion, sans un râle, presque sans une goutte de sang, le malheureux est foudroyé ! À droite et à gauche, les Patriotes l’empoignent chacun par un bras, le tirent comme s’il continuait lui-même son mouvement de reptation, et sans plus de façons le chavirent dans le précipice.

Un deuxième suit, que la configuration des lieux empêche de rien voir et que l’absence de tout bruit empêche de rien soupçonner. Comme le précédent, il