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la terreur en macédoine

regarde à droite, à gauche et au-dessous, et dit d’une voix tranquille :

« Rien de louche… ça va… Achmet doit être déjà en bas… »

Il s’allonge, s’étire, s’arrache du trou jusqu’au dessous des épaules…

Le poignard de Joannès tombe sur sa nuque, avec une force, une précision effrayantes.

Comme celui qui le précède, le bandit est tué raide, sans un spasme et sans un soupir !

En vérité, cette mort silencieuse, cet anéantissement si rapide d’un homme robuste, plein de vie, ont quelque chose de terrifiant !

Les Patriotes, postés de chaque côté, renouvellent leur manœuvre. Ils saisissent par les bras le cadavre, le sortent par à-coups, comme s’il éprouvait quelques difficultés à se dégager, et le précipitent dans le vide !

Une autre suit. Et une voix rude, métallique, impérieuse, dit dans le souterrain :

« Allons !… dépêchez-vous !… laissez-vous glisser sans bruit et cachez-vous derrière les broussailles… Quand vous serez descendus au nombre de vingt, je viendrai vous rejoindre avec mon léopard. Pas de bruit surtout !… et que nul ne soupçonne que vous êtes là, ou tout serait perdu !

C’est Marko qui, accroupi près de l’entrée, compte au fur et à mesure.

Et le poignard s’abat, sans relâche, au ras des cervelets, foudroyant, invisible et infaillible, tous ces hommes qui se succèdent.

Justicier implacable, Joannès accomplit froidement cette effroyable besogne, pendant que ses auxiliaires,