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la terreur en macédoine

prime abord jugée impossible, échangent une chaleureuse étreinte.

Marko prisonnier !… pieds et poings liés !… Le pacha féroce à la merci de ses victimes !… Marko le Brigand, la terreur de la Macédoine… près d’expier ses crimes ! Des camarades, qui suivaient de loin les péripéties de cette lutte poignante, accourent sur un signe du chef.

Ils chargent sur leurs épaules Marko et l’emportent vers l’esplanade.

« Et le lucerdal… qu’en fait-on ?…

« Faut-il le chavirer dans le précipice ?

— Non ! » dit Joannès en hochant la tête.

Puis, après un moment de silence, comme si une idée étrange lui venait, il ajoute :

« Réunissons ces deux brigands et emportons-les de compagnie. »

Cinq minutes après, le groupe atteint la plate-forme circonscrite par la muraille cyclopéenne, la montagne et le précipice.

Les Patriotes déposent sur le sol l’homme et le fauve inanimés, pendant qu’aux étroites fenêtres des maisons, les vieillards, les femmes et les enfants regardent, consternés.

Joannès pousse un coup de sifflet strident, bizarrement modulé, bien connu de ses camarades, et qui signifie : Rassemblement !

Ils accourent de tous côtés, en armes, et contemplent le Brigand, désormais inoffensif.

Un silence effrayant plane sur l’assemblée.

« Frères, l’arme au pied ! » dit le jeune homme.

Et pendant qu’ils se rangent, comme des soldats se préparant à une exécution, Marko s’agite sous ses