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la terreur en macédoine

« L’attaque tarde bien, dit Joannès.

— Cette ruée en masse des Turcs, et qui seule peut nous sauver, n’est-ce pas, chef ? répond Panitza.

— Oui ! car on ignore notre présence et pendant le combat il nous serait possible de revenir sur nos pas…

— Alors, attendons ! interrompt Michel.

«… Une idée ! pour employer utilement notre temps, si nous mangions !

« J’ai conservé mon bissac… la bouteille d’eau-de-vie est encore à demi pleine… il reste trois ou quatre oignons et quelques morceaux de pain…

— Excellente idée !… mangeons. »

Les trois compagnons se restaurent à bons coups de dent, boivent une gorgée, et, ragaillardis, s’essuient la bouche d’un revers de main. Au loin, des rumeurs s’élèvent. Un tumulte de voix humaines, d’éclats de trompettes ponctués de coups de feu.

Machinalement, ils s’avancent au bord de l’ouverture. Inconscients d’une imprudence qui peut être mortelle, ils se penchent. Tout à coup, le sol manque sous leurs pieds, comme si la mince corniche de pierre était minée.

Un cri leur échappe et, sans pouvoir se retenir, ils dégringolent bruyamment, dans un pêle-mêle d’armes froissées. Ils roulent sur la pente à quarante-cinq degrés et arrivent en culbutant jusqu’au bord de l’esplanade.

« Malédiction !

— Nous sommes perdus ! »

Étourdis, à moitié assommés, ils n’ont même pas le temps d’essayer une défense inutile et désespérée. Les femmes les aperçoivent tout d’abord et poussent