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la terreur en macédoine

ssent des clameurs aiguës. En véritables mégères, elles se précipitent sur eux, les empoignent rudement, les désarment et les garrottent.

La vue de ces hommes aux vêtements déchirés, à la face lacérée par les épines, les met en fureur. Elles sont une soixantaine, et leur nombre les rend redoutables ; sans plus tarder, elles vont les massacrer.

Un homme a vu toute la scène. Tenant à la main une carabine encore fumante, il arrive en courant. Un léopard, flairant une curée prochaine, bondit à ses côtés.

D’un coup d’œil Joannès reconnaît son mortel ennemi, le bandit féroce et implacable, le bourreau des siens : Marko ! Ce dernier les regarde et, d’un mot, d’un geste, calme les furies.

Montrant les faux gendarmes du bout de sa carabine, il s’écrie :

« Que personne ne les touche !… Sur votre vie !… gardez-les à vue… pendant que nous exterminons les autres…

« Je veux, tout à l’heure, les retrouver intacts !… Vous entendez… je le veux ! »

Marko est le chef redouté auquel on obéit aveuglément, sans réplique ni hésitation. Les prisonniers ont encore quelques moments à vivre. Mais tout à l’heure !… comme vient de le dire le bey… quels supplices va leur infliger son ingénieuse cruauté ! Malgré leur vaillance éprouvée, ils frissonnent jusqu’aux moelles, s’encouragent d’un regard et s’efforcent de rester impassibles.

Marko, de nouveau, s’élance aux remparts. Joannès, Michel et Panitza le voient escalader, d’un bond, un pan de muraille.