L’Arrivée. L’Œillette.
nos Chartreux devenus ingénieurs et avec les moyens dont ils disposaient[1] ; Dom Pierre Roux ne recula cependant point devant l’idée d’un tel travail qu’il jugeait nécessaire, et, malgré des difficultés presque insurmontables, il en vint à bout, « arrachant, taillant, brisant les rochers ou les faisant sauter avec de la poudre[2] ». Il appela, pour l’aider de ses conseils et conduire les travaux, un convers de la chartreuse du Mont-Dieu en Champagne, le frère Jean Ode, « d’une merveilleuse habileté en toute espèce de travaux, et ce bon Frère exécuta avec des peines inouïes le fameux chemin qui conduit de la Chartreuse à Saint-Laurent[3] ». Jean Ode, fort habile constructeur, mais, en outre, ce qui est préférable, excellent religieux, mourut[4] en odeur de sainteté, après avoir vécu plus de cinquante ans dans l’Ordre. La route fut terminée sous le Généralat de Dom François Dupuy, successeur immédiat de Dom Pierre Roux[5].
Vingt minutes après avoir passé le pont Saint-Bruno, on arrive au pied du pic de l’Aiguille, une des curiosités du Désert.
La route était jadis barrée en cet endroit par le fort de l’Œillette[6]. Il n’a pas été bâti, comme on
- ↑ La Carte de visite de la Grande Chartreuse, en 1494, constate que la maison était debitis gravata.
- ↑ Le Masson, Annales, p. 5.
- ↑ Le Vasseur, Ephemerides, 12 janv.
- ↑ Le 12 janvier 1509.
- ↑ Dans la salle du Chapitre général, Dom Pierre Roux est représenté tenant en main deux petits rochers réunis par un pont.
- ↑ Fortalicium de l’Œillet. Pontula. L’Hulette, l’entrée du costé de Lion, dit une carte du xviie siècle. Le fort se composait d’un mur barrant la route avec une double porte