Aller au contenu

Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 49 —

XIIe siècle. Reconstructions.

là aussi devait être l’emplacement de la première église de Chartreuse, mais on ne voyait rien, portes ou fenêtres, qui pût faire soupçonner qu’il y avait encore les restes mêmes d’une chapelle. Cette vieille église, pensions-nous, a été détruite de fond en comble, l’autel seul a été conservé, et sur le terrain laissé libre on a construit le Chapitre. Nous étions dans l’erreur. Après avoir renversé la voûte, construite quand on disposa le local pour une salle capitulaire, nous avons retrouvé l’ancienne chapelle presque dans son entier ; les portes et les fenêtres existaient encore, seulement elles avaient été bouchées. Nous pûmes nous rendre parfaitement compte de la disposition de ce petit édifice construit par Guigues et par nos premiers Pères : la voûte du sanctuaire était plus élevée que celle de la nef ; l’arc-doubleau en bonne pierre, orné sobrement, mais avec art ; les fenêtres disposées avec goût de chaque côté ; la porte en pierre taillée et polie, avec quelques sculptures. Nous avons constaté, de nos propres yeux, que cette chapelle présentait un aspect très agréable pour l’époque. L’autel[1] est un énorme bloc carré, de belle pierre et d’un seul morceau ; aussi nous nous demandons comment on a pu amener une telle charge en cet endroit ; c’est à peine si de nos jours, où les chemins sont cependant meilleurs, nous oserions entreprendre une chose pareille.

  1. L’autel de Guigues, dit-on, existerait encore, et nous l’avons vu ; supposé qu’il soit vraiment de l’époque, il a perdu tout son cachet ; car il a été, incontestablement, taillé ou retaillé au XVIIIe siècle, et il est bien loin d’avoir les proportions colossales qui étonnaient si fort Dom Le Masson.