Aller au contenu

Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 62 —

XIVe siècle. R. P. D. Jean Birelle.

Parmi les successeurs d’Aymon, plusieurs méritent que nous les fassions connaître d’une manière spéciale, et entre tous, le R. P. Dom Jean Birelle, qui du fond de sa cellule joua cependant à cette époque un rôle important dans l’Église et même dans le monde politique.

Jean Birelle, Limousin[1], profès et ancien Prieur de Glandier[2], fut élu Général en 1346. Un seul fait nous apprendra à connaître les éminentes qualités de ce grand homme. À la mort de Clément VI, en 1352, il allait être nommé Pape, la majeure partie du Sacré Collège étant décidée à lui donner sa voix : à cette nouvelle, Dom Jean, consterné, supplia son intime ami, le cardinal Talleyrand de Périgord, de faire porter les voix de ses collègues sur un autre sujet[3]. Talleyrand n’osa résister à cette demande, mais il le regretta et en eut des remords : Malheur à nous, disait-il, de n’avoir point choisi un tel pasteur, malheur surtout à moi qui ai donné ce conseil. Innocent VI[4], élu à la place de Birelle, lui offrit la pourpre romaine, que l’humble Chartreux ne voulut jamais accepter. Mais, mon Père, disaient parfois ses amis, vous avez cependant été sur le point d’être Pape ? et Jean répondait avec un doux sourire : Moi Pape ! je ne suis qu’un pauvre moine, je vivrai et mourrai dans mon cloître et pas ailleurs.

  1. Né probablement à Chamboulive (Corrèze). Voir notre Histoire de Glandier, p. 82.
  2. Près de Pompadour (Corrèze) ; cette chartreuse existe encore.
  3. Vie du P. Dom de Lauzeray, p. 123.
  4. Né aux Monts, à une demi-lieue de Glandier.