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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/84

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XIVe siècle. R. P. D. Jean Birelle.

trarque dédia aux Pères de la Grande Chartreuse un traité philosophique de sa façon sur les avantages de la solitude. Dans une de ses lettres, il avait parlé en termes fort louangeurs du R. P. Général, qui le lui reprocha sévèrement, et Pétrarque de répondre aussitôt : Vous m’avez, comme on dit vulgairement, bien lavé la tête, et j’avoue que votre savon mordait la peau. L’austère Chartreux, qui désirait voir Pétrarque employer son incontestable talent à des sujets sérieux, lui demanda un traité sur la dignité de l’homme. Le poète eut dans son saint ami un modèle parfait et bien capable de l’inspirer.

Dom Jean Birelle mourut en 1361, le 6 janvier, fête de l’Épiphanie. Après avoir reçu les derniers sacrements, il désira rester seul, et se traînant comme il put à l’oratoire de sa cellule, y demeura de longues heures en oraison, prosterné à terre et versant des larmes abondantes. Un frère, entendant ses soupirs, entra tout effrayé pour en connaître la cause et le trouva presque à l’agonie. La Communauté se rassembla aussitôt ; selon l’usage, un des moines lut à haute voix la Passion de Notre-Seigneur, que le vénérable moribond écouta avec le plus grand respect, ayant assez de présence d’esprit pour reprendre le lecteur par un signe lorsqu’il faisait quelque faute : car Birelle ne pouvait supporter que l’on se trompât en lisant le saint Évangile, ce livre de la Vérité par excellence ; enfin, lorsque l’on commença les Litanies des Saints, il rendit doucement son âme à Dieu. On trouva sur lui « un cilice bien plus rude que celui des autres Chartreux ; il était plein de nœuds, d’un