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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/89

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XIVe siècle. Reconstructions.

mier coup, il voit qu’il est impossible d’éteindre les flammes ; se souvenant alors des précieux manuscrits perdus en 1320, il élève la voix et s’écrie au milieu du tumulte : Mes pères, mes pères, ad libros, ad libros, que tout le reste brûle, mais les livres, sauvez les livres. À ce cri sublime, les religieux laissent les domestiques à leur travail ; pour eux, ils s’élancent de tous côtés, disputant, arrachant aux flammes ces manuscrits, ces livres auxquels ils attachaient un si grand prix.

Le plus pressé, à un certain point de vue, était de reconstruire les chambres des Provinces, afin d’être à même de loger les Prieurs, et de ne pas empêcher la réunion du Chapitre qui se tenait chaque année. Malgré le zèle avec lequel on se mit à l’œuvre, la Carte de 1372 constate que les travaux allaient bien lentement ; et comme on ne pouvait recevoir encore beaucoup de monde, elle règle que, pour le Chapitre suivant, il ne viendra avec les PP. Visiteurs que deux Prieurs seulement par Province. Comment, en effet, trouver de la place à la Correrie où les religieux de la Grande Chartreuse s’étaient réfugiés ? Ils vivaient là, entassés les uns sur les autres, mêlés aux Convers, aux Donnés, aux domestiques et aux étrangers. En conséquence, les PP. Définiteurs, comprenant la nécessité de tenir régulièrement le Chapitre, invitèrent les Provinces à rebâtir et même à agrandir leurs salles respectives devenues beaucoup trop petites et tout à fait insuffisantes.

Dès qu’on apprit en Europe la nouvelle de l’incendie de la Grande Chartreuse, on vint de tous côtés à son secours, tant cette maison était po-