Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/105

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excitations. Il forme des colonies et des organismes. 2° Les conditions physiques et sociales dans lesquelles s’est historiquement trouvée la matière vivante ont déterminé toutes les formes qu’elle a prises. 3° Les êtres descendent tous, par voie de génération, du protoplasma, et la science dressera de plus en plus complètement cet arbre généalogique, expliquant ainsi le composé par le simple, à la manière des sciences physiques. Ce système étant conçu comme achevé, toute finalité est-elle rendue illusoire ?

On a réussi, semble-t-il, à se débarrasser de la finalité externe. Mais il existe une autre forme de finalité, la finalité immanente, laquelle, chez Aristote déjà, n’excluait nullement, appelait au contraire un certain degré de variabilité.

On invoque la continuité; mais, outre que l’on ne voit pas pourquoi la continuité, qui n’est nullement l’identité, serait exclusive des causes finales, il ne s’agit ici que d’une continuité très grossière, qui toujours, pour une observation plus précise, se résout en discontinuité. En fait, on explique la discontinuité par la discontinuité : le degré seul diffère dans les éléments et dans les composés. Mais, quand il s’agit du monde organique, une petite différence peut être de grave conséquence.

Le signe de la causalité efficiente, ce serait d’expliquer la spécification et l’adaptation, qui paraissent impliquer la finalité, par des principes dépourvus en eux-mêmes de ces deux caractères. Mais l’élément est déjà un individu, et, par l’hérédité, reproduit son individualité. Il a de plus en lui une force évolutive, grâce à laquelle il s’adapte de mieux en mieux aux conditions dans lesquelles il doit vivre. En sorte que les caractères que l’on se propose d’expliquer sont présupposés dans [101]