Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/111

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en efforts pour chercher dans le corps l’expression fidèle de l’âme, d’autres philosophes cherchaient dans l’âme, considérée à part, les éléments d’une psychologie scientifique. Ce sont les Anglais. Ils partent de l’idée baconienne de loi naturelle, et combinent cette idée avec des principes cartésiens.

Locke place à la base de la science de l’âme un élément proprement psychique, l’idée. Les idées sont le pendant des atomes matériels. Ce sont des unités définies, impénétrables, extérieures les unes aux autres ; elles sont déposées dans l’entendement par l’expérience, sans qu’aucune activité intellectuelle intervienne dans leur acquisition. Pas plus que les atomes, elles ne peuvent s’assembler d’elles-mêmes ; mais, tandis que l’assemblage des atomes se fait au moyen de forces naturelles, l’assemblage des idées est artificiel. Il est dû à l’activité de l’esprit humain. Rapprochant ou séparant les idées qui lui sont offertes, l’entendement en fait une construction qui est l’édifice de nos connaissances.

Chez Locke le dualisme est manifeste : l’arrangement des idées ou matériaux leur vient du dehors, à savoir de l’activité de l’esprit qui est l’architecte. Dans son développement, cette philosophie s’est scindée aux deux éléments de la connaissance, distingués par Locke, correspondent deux groupes de doctrines.

La première direction est représentée par les philosophes qu’on peut justement appeler Idéologues. Ceux-ci s’efforcent de construire toute la psychologie avec les seules idées. Leur préoccupation est de rendre inutile l’activité introduite par Locke pour opérer le groupement. Trouver de plus en plus complètement dans les idées elles-mêmes la raison de leur liaison, [107]