applique les principes de sa science aux forces réelles que lui offre la nature.
Rousseau part du fait de la société actuelle, dans laquelle il ne voit qu’oppression. Or, dit-il, l’homme est né libre et doit être libre. D’où vient cette contradiction ? Vraisemblablement, dit Rousseau, les hommes auront eu à se défendre contre des causes de destruction, et devant ces obstacles les individus se seront sentis trop faibles. N’ayant point la capacité d’engendrer de nouvelles forces, mais seulement d’unir et diriger celles qui existent, ils n’ont eu d’autre moyen de se conserver que de former par agrégation une somme de forces capable de l’emporter sur la force adverse. Cette force collective, à son tour, n’a pu être constituée que grâce à un contrat tacite par lequel chaque associé, pour conserver son existence et sa liberté, a aliéné tous ses droits entre les mains de la communauté. Quelques-uns, pourtant, l’ont détournée à leur profit. Le problème consiste à organiser véritablement la société d’après l’idée de contrat primitif.
Ainsi de Hobbes à Rousseau la société est considérée comme une œuvre d’art, l’art étant nettement distingué de la nature.
Dès le XVIIIe siècle, un troisième point de vue se dégage. Les adeptes de la doctrine du progrès se proposent de montrer que le cours naturel des choses amène le progrès des connaissances, et que celui-ci entraîne infailliblement le progrès de la moralité et du bonheur. C’est là, selon Condorcet, l’effet d’une loi naturelle indépendante de la volonté humaine. Inversement Rousseau soutenait que le progrès des sciences, poursuivi pour lui-même, diminue le bonheur et corrompt l’humanité, cela encore par une loi de nature. Les Economistes [127]