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gie sont immuables, donc elles ne sont que des phénomènes. Nous concevons la permanence comme un état, ou comme une limite, et non plus comme une nécessité.

Remarquons d’ailleurs que le déterminisme s’obscurcit à mesure qu’il se resserre. Déjà la mécanique a dû substituer à l’intuition mathématique un rapport de simple causalité phénoménale, irréductible à cette intuition. La physique a compliqué ce rapport en y introduisant une notion de qualité, la notion de la qualité de l’énergie. La chimie ajoute l’idée de corps spéciaux relativement stables dans la nature. Le progrès se fait de l’homogène à l’hétérogène, par conséquent de l’intelligible à l’obscur. D’autre part, chacun admet que le déterminisme physico-chimique peut agir sur le déterminisme mécanique, sans que pourtant le premier puisse être ramené au second. Rien donc n’empêche a priori que le déterminisme physico-chimique à son tour n’admette l’intervention de quelque déterminisme supérieur, comme serait, par exemple, le déterminisme biologique, s’il arrivait qu’on ne pût le réduire au déterminisme physico-chimique.

Dans la prochaine leçon nous nous occuperons des lois biologiques.