Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/93

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ce qu’on cherche, ce n’est pas la cause qui produit les êtres, mais bien les rapports de ressemblance qui les relient les uns aux autres. Les principales lois qu’énonce Geoffroy Saint-Hilaire se rattachent plus ou moins étroitement au principe de l’unité du plan de composition, ainsi entendu. Ce sont : 1o la loi du balancement des organes : les animaux ne diffèrent entre eux que par le degré de développement de leurs parties ; lorsque certaines parties reçoivent un grand développement, d’autres, par compensation, deviennent rudimentaires ; 2o le principe des organes analogues : à travers des changements considérables de forme et de fonction, des organes peuvent demeurer analogues, lorsque demeurent et leur position et leurs rapports aux autres organes ; 3o le principe des connexions : quelles que soient leurs variations de volume et la diversité de leurs fonctions, les parties conservent toujours les mêmes positions relatives. Un organe est plutôt altéré, atrophié, anéanti que transposé. Par ce principe, Geoffroy donnait décidément à la morphologie le pas sur la physiologie. Il faisait résulter la différence des fonctions et des formes des conditions dans lesquelles l’animal se trouvait placé. Enfin Geoffroy ramène aux lois générales les monstruosités, montrant qu’elles tiennent à des causes physiques assignables, et constitue ainsi la tératologie comme science.

À Geoffroy Saint-Hilaire s’oppose Cuvier. Le premier partait de l’idée de continuité ; le second déclare ne connaître que les faits et tient pour la discontinuité. Il cherche dans l’anatomie la base de la classification naturelle, et pose le principe des caractères dominateurs. D’après ces idées directrices, il repousse la doctrine de l’unité de plan et admet quatre plans fondamentaux :