Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais les phases qu’elles présentent dans le temps. Ces idées se firent jour en zoologie, d’autant qu’elles étaient favorisées par les résultats mêmes de la philosophie a donnée à l’explication du système de la nature. Les uns, attachés à l’idée de continuité, sont enclins à conclure de l’identité de type à l’identité d’origine. D’autre part, les partisans du discontinu sont en même temps les classificateurs. Ils admettent donc que les espèces ne sont pas complètement séparées, mais se rapprochent par certains de leurs caractères. L’idéal de la classification est la réduction du divers à un seul principe. Mais, si les êtres se prêtent à une telle répartition, ne serait-ce pas qu’ils ont une origine commune, et se sont peu à peu diversifiés, comme un arbre, dont le tronc se divise en branches plus ou moins distantes les unes des autres ?

Déjà Buffon construit l’histoire de la terre. De plus, en comparant entre elles les faunes de différents pays, il émet l’hypothèse de la réduction de nombreuses espèces à un petit nombre de souches principales dont toutes les autres seraient issues. Mais c’est chez Lamarck que cette idée d’une explication génétique de la variété des êtres est pour la première fois nettement conçue dans sa généralité et ses moyens de réalisation.

Lamarck est parti de l’étude des organismes inférieurs. Là se trouve l’origine de sa philosophie. Il conçoit les formes supérieures comme nées de ces formes inférieures, et il cherche l’explication de ces transformations dans l’action du milieu. Le milieu sollicite l’être vivant et celui-ci s’adapte au milieu. Comme intermédiaires entre la cause et l’effet, Lamarck invoque le besoin et l’habitude. La sollicitation fait nature un besoin, le besoin détermine une habitude, et l’habitude crée l’organe. Les modifications se perpétuent par