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X.LES LOIS BIOLOGIQUES. (Suite et fin.)

[93] La dernière leçon a été consacrée à l’examen des différentes phases par lesquelles a passé la philosophie zoologique. Dans l’antiquité, le point de vue métaphysique domine ; les espèces sont rattachées au principe qui, pour la pensée, rend raison de leur existence, et ce principe est le type, comme cause finale. Les illustres savants du XVIIIe et du commencement du XIXe siècle renoncent à la recherche des premiers principes, et se proposent surtout, dans leurs systèmes de la nature, de présenter le tableau des relations logiques qui relient les espèces entre elles. De nos jours, les disciples de Lamarck et de Darwin reprennent la question d’origine, mais cela au point de vue historique et non plus métaphysique, et cherchent à dresser l’arbre généalogique des espèces. Quelle est la signification philosophique du débat relatif aux espèces ?

Il faut se garder de confondre ici le problème scientifique et le problème philosophique. Les espèces ont-elles une commune origine et descendent-elles l’une de l’autre par voie de génération ? La question, ainsi posée, est exclusivement scientifique. Qu’on ne dise pas que les questions d’origine ressortissent à la métaphysique, non à la science. Cela est vrai de l’origine absolue de l’être, [94]