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COMPOSITION DU GRAIN DE BLÉ.

une valeur double de celle des meilleures farines. C’est ce qui faisait dire à Liebig que « le blutage constitue une opération de luxe, et que l’élimination du son est plus nuisible qu’avantageuse au point de vue alimentaire ».

À cette assertion Graham répond spirituellement : « Ceux qui, en se fondant uniquement sur l’analyse chimique, soutiennent l’importance nutritive du son et blâment son élimination de la farine, devraient, pour rester fidèles à leur point de vue, nous inviter à manger du foin, de la paille d’avoine et des tourteaux de graines de lin et de coton, substances fort riches en éléments nutritifs. »

Évitons de donner prise à cette objection, et voyons, d’une part, si cette richesse de l’enveloppe est utilisable, et d’autre part si elle n’est pas inséparable, comme il arrive pour le germe, de qualités nuisibles.

Les recherches récentes de Kornauth et d’autres physiologistes ont montré que l’aleurone est très digestible et très assimilable ; mais nous savons que cette aleurone est logée dans des cellules à membrane très épaisse et cuticularisée, tout à fait imperméables. Pendant la germination, cet acte physiologique par lequel les réserves alimentaires sont si énergiquement mises à profit, nous avons vu que les cellules à aleurone ne sont nullement atteintes, au moins dans les premières périodes de la croissance de l’embryon. Aussi doit-on s’attendre à voir le tégument séminal résister aux phénomènes de la digestion dans le tube digestif des animaux.