Page:Boutroux - Pascal.djvu/136

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rend ridicule. Dieu lui-même a dit aux pécheurs interitu vestro ridebo. En vérité, c’est un étrange zèle, de s’irriter contre ceux qui accusent des fautes publiques, et non contre ceux qui les commettent. Mais voulez-vous, mes Pères, voir des exemples de bouffonnerie impertinente, ouvrez vos écrits ; lisez la Dévotion aisée, l’Éloge de la pudeur de votre P. Lemoyne, où la galanterie le dispute à l’insolence.

Vous m’accusez d’imposture. Mais je n’ai fait que citer textuellement les opinions de vos meilleurs auteurs, Vasquez, Escobar, Lessius. D’où vient que, quand un de vos Pères rapporte avec éloge les sentiments de Vasquez, parce qu’il les y trouve probables et commodes pour les riches, il n’est ni calomniateur, ni faussaire, au lieu que si je rapporte ces mêmes sentiments, je suis un faussaire et un imposteur ? La raison en est simple : vous êtes forts et je suis faible ; vous êtes un corps puissant, et je suis seul ; vous avez pour vous la violence, je n’ai, moi, que la vérité. Étrange guerre que celle où la violence essaye d’opprimer la vérité ! Elles ne peuvent s’atteindre, elles ne sont pas de même ordre. Les discours ne peuvent briser la violence, mais la violence est sans force contre la vérité. Et tandis que celle-ci n’a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu, celle-là est éternelle comme Dieu même.

L’une des impostures que vous me reprochez, continue Pascal, est ce que j’ai dit de vos maximes touchant l’homicide. Il faut admirer ici votre conduite. Vous distinguez la spéculation et la pratique, déclarant que, pour un soufflet reçu, par exemple,