Page:Boutroux - Pascal.djvu/210

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dans notre nature même il y a de la grandeur, comme il y a de la bassesse. L’une et l’autre, en réalité, ne sont pas séparables ; et le même instinct qui nous dégrade, si nous nous y abandonnons passivement, nous soutient et nous porte, si nous le pénétrons d’intelligence et de liberté. Les choses ne sont pas seulement des voiles qui cachent Dieu, elles sont encore des signes qui le révèlent ; et ce Dieu, dont tout dépend, peut être cherché, non seulement en lui-même, comme le voulait Pascal, mais encore à travers ses œuvres et ses symboles naturels. Tâche moins glorieuse, incapable de suffire à une âme bouillante qui ne se peut contenter que de l’excellence ; la seule pourtant, ce semble, qui soit proportionnée à la condition de l’humanité. Le néant et l’infini ne sont pour nous que deux limites idéales. « C’est sortir de l’humanité, a confessé Pascal lui-même, que de sortir du milieu : la grandeur de l’âme humaine consiste à savoir s’y tenir. »