Page:Boutroux - Pascal.djvu/70

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tacle nouveau qui frappe son regard, et il s’y complaît.

C’est dans ce même esprit d’estime pour les facultés de l’homme qu’il cultive les sciences à cette époque. Méré se vante de l’avoir désabusé de l’excellence des mathématiques. Or les mathématiques l’occupent plus que jamais. Plus encore que la physique, en effet, elles manifestent la puissance de la pensée. On peut n’attacher qu’un prix médiocre à leurs résultats : elles sont utiles et admirables par la vigueur qu’elles communiquent à l’intelligence. Pascal n’accorde nullement à Méré que l’esprit de finesse dispense de l’esprit géométrique. C’est dans l’union de ces deux qualités qu’il voit la perfection de l’intelligence.

Les années de 1653-1654 sont celles de ses principales découvertes mathématiques.

Il écrivit alors le Traité du triangle arithmétique et le Traité des ordres numériques, qui furent publiés en 1665, et plusieurs opuscules qu’il adressa À la très célèbre Académie parisienne des sciences, c’est-à-dire à la société de savants qui s’assemblait chez le P. Mersenne. Il entretint de plus, sur la théorie des probabilités, une importante correspondance avec Fermat, qui habitait Toulouse.

C’est à l’occasion de divers problèmes relatifs au jeu, que Pascal, méditant sur les combinaisons, inventa son triangle arithmétique. Par de simples additions il forme des rangées de nombres qu’il dispose en triangle, et qui, grâce à cette disposition, enveloppent les conséquences de formules compliquées, et donnent la clef d’un grand nombre de