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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/133

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confondre avec le jésuite Molina, avait formé en Espagne un certain nombre de disciples qui y répandirent sa doctrine. Les apparences d’une perfection spirituelle, associées à un système qui laissait un libre essor aux désordres de l’âme, séduisirent beaucoup de personnes qui n’auraient jamais embrassé aucune hérésie sans le prestige dont Molinos avait entouré ses erreurs.

» Elle se répandit promptement dans les couvents, où il se passait des choses si scandaleuses et si horribles dans les communautés des religieuses, entre elles et leurs directeurs, qu’on ne pourrait les rapporter sans faire frémir. Le libertinage le plus effréné, les avortements forcés et les infanticides y étaient si fréquents, que chaque couvent en fournissait un grand nombre d’exemples ; mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que ces horreurs s’y commettaient avec une sorte de bonne foi apparente, qui ne pouvait être expliquée que par le fanatisme. Les esprits faibles s’imaginaient que tout ce qui était autorisé par les confesseurs, pouvait être fait sans crime : ainsi, dans le couvent de Corella, en Navarre, une supérieure qui avait déjà eu plusieurs enfants d’un provincial de carmes déchaussés, tenait elle-même les jambes de sa nièce écartées pendant que ce même provincial accomplissait le premier outrage à la pudeur de cette jeune personne, pour que cette œuvre fût plus méritoire aux yeux de Dieu. Des religieuses et des moines assistaient sans honte aux accouchements des autres religieuses, dont les enfants étaient aussitôt étranglés. Tout cela se faisait avec accompagnement de jeunes et tous les signes extérieurs de dévotion ! »

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En France, on compte 40 000 prêtres et 10 000 congréganistes, jésuites, carmes, dominicains, etc… En totalité, cinquante mille confesseurs.

Sur ce nombre, un pour cent demeure fidèle au vœu de célibat, quatre-vingt-dix-neuf sur cent se livrent à la paillardise ; c’est le pape lui-même qui a fixé la proportion des chastes et des impurs.

Donc 49 500 confesseurs vivent dans l’incontinence. Chacun d’eux connaît charnellement une femme par mois, douze pour l’année ; nous parlons de la première année d’exercice du sacerdoce, quand le jeune prêtre jette sa gourme ; nous admettons pour chacune des années suivantes une seule odalisque à ajouter à la liste de ses amours, pendant une période de dix ans. Nous comptons en moyenne, pour chaque curé, dans le cours de sa vie entière, vingt à vingt-deux maîtresses en titre ou de passade, femmes mariées ou filles. Le clergé français apporte déshonneur, dans un million de familles ! Cocuage des maris et défloration des vierges. Avis aux pères et aux époux. Sentinelles, prenez garde à vous !

Produisons les exemples de l’incontinence des tonsurés et de la fréquence des accidents en cette lubrique matière.

Aujourd’hui, les choses se passent exactement comme aux époques où les papes rendaient témoignage des désordres, de la corruption, des ignominies du confessionnal. Mêmes causes, mêmes effets. Avec la confession, les femmes et les filles sont subornées, les jeunes garçons initiés à toutes les turpitudes. Adultères, viols, stupres, actes de sodomie.

Trop d’exemples nous sont fournis de l’immoralité du clergé catholique, chaque jour et en tous pays, avec la sanction judiciaire ; pour un seul curé pris en flagrant délit d’outrage aux mœurs, mille et plus échappent à la vindicte des lois. Nous mentionnerons seulement quelques-uns des attentats qui ont eu un certain retentissement dans notre pays et ailleurs.

À Toulouse, en 1847, une enfant de 14 ans, fort belle, fille d’un relieur de la ville, entre un certain soir, vers cinq heures, dans la maison professe des frères de la doctrine chrétienne, pour y apporter des livres reliés destinés à la communauté ; elle est saisie par la bande noire ; ils sont là neuf frères, ils la violent à tour de rôle ou pratiquent sur elle l’acte de sodomie. L’infortunée expire au milieu des stupres ; ils continuent de profaner la victime, après quoi ils jettent le cadavre par-dessus le mur de leur jardin.

Lors du jugement qui eut lieu à l’occasion de ce crime, le magistrat chargé de l’instruction de l’affaire eut la pensée de faire examiner par des médecins la chemise sanglante et maculée de la victime ; et ceux-ci, au moyen d’opérations chimiques, indiquées par la science, purent constater que les stygmates de sperme existants dans le linge appartenaient à neuf individus. Le supérieur de la maison de Toulouse, le frère Léotade, et ses complices furent traduits devant la cour d’assises ; le FRÈRE LÉOTADE FUT CONDAMNÉ AUX TRAVAUX FORCÉS A PERPÉTUITÉ.

À Montauban (Tarn et Garonne), en 1868, se produisit un grand scandale judiciaire. Un de ces hommes à soutane vomi par les enfers fut jugé et condamné pour des faits d’une immoralité révoltante accomplis sur de jeunes garçons. Le monstre emmiellait son priape, c’est-à-dire le membre viril, et le donnait à sucer aux garçonnets de 8 et de 10 ans que des parents imprudents lui confiaient pour les instruire et les moraliser ! Horreur et abomination !

En 1868, à Gand, (Belgique), une grave affaire de pédérastie est intentée contre un jésuite d’Alost, le père Huyghens, et un jeune tambour de l’armée belge. L’un et l’autre étaient poursuivis pour outrage public à la pudeur commis dans les terrains avoisinant la station de Termonde.

En 1868, un prêtre de la vallée de Passeier, dans le Tyrol, a comparu devant le tribunal de Botzen, sous l’inculpation d’attentat aux mœurs commis sur quatorze jeunes garçons.

En 1868, le tribunal de Bruxelles a condamné pour attentat aux mœurs de la plus ignoble nature, un ecclésiastique déjà flétri par la justice d’Anvers, en 1852, pour des faits analogues, l’abbé Jean Blereau, curé de Vilvorde. Agent et patient avec un cocher âgé de 25 ans ; actes de sodomie et de pédérastie.

En 1868, la Cour d’assises de Bruxelles a condamné à dix ans de réclusion un autre tonsuré, Lafourcade, curé de Biarotte, reconnu coupable de nombreux outrages à la pudeur commis sur des enfants de l’un et l’autre sexe au tribunal de la pénitence.