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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/134

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En 1868, la Cour d’assises de la Charente (France), dans son audience du 3 mai, a jugé Vincent-Auguste Arnal, curé de Saint-Laurent-des-Trubes, pour attentat à la pudeur sur un jeune garçon âgé de moins de quinze ans. Arnal a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.

À Versailles (Seine et Oise), au 3 août 1868, fut prononcé un sévère jugement contre l’abbé Hue, curé de Limès, dans une affaire d’outrage à la morale et d’attentats aux mœurs sur des petites filles âgées de 10 à 12 ans, sur lesquelles il accomplit des obscénités qui étaient inconnues à Sodome et à Gomorrhe. Nous nous bornons à reproduire le résumé de l’affaire par le président de la cour d’assises, sans entrer dans les détails, sans faire de réflexions ni de commentaires sur le crime sacerdotal.

« Dans le courant de l’année 1867, quatre jeunes filles, qui allaient faire leur première communion, se présentèrent au confessionnal de l’abbé Hue, curé de Limès, arrondissement de Mantes. Ce prêtre tint successivement à toutes les quatre les propos les plus obscènes. Tout ce que peut inventer l’esprit le plus dévergondé, il l’a dit et il l’a fait.

Cette affaire comporte un grave enseignement ; elle nous révèle ce qu’on peut appeler les Mystères du Confessionnal.

L’abbé Hue, au lieu de veiller sur la pureté des enfants qui lui étaient confiés, déflorait leurs âmes, comme à plaisir ; il appelait leur attention sur les choses ignorées ; et, sous le prétexte de confession, leur enseignait le vice. Il prétend qu’il ne faisait que suivre scrupuleusement le formulaire d’un livre que tous les prêtres ont entre les mains, la science du confesseur. Le Manuel des Confesseurs. »

Le jury de Seine et Oise, qui avait à se prononcer sur cette grave affaire, rendit un verdict affirmatif sur trois questions et négatif sur une seule, sans admission de circonstances atténuantes. La cour faisant application de la loi, a condamné l’abbé Hue à dix années de travaux forcés.

Au mois de juillet 1872, une jeune fille, Anna Dunzinger, comparaissait devant la cour d’assises de Linz, en Autriche, pour être interrogée sur les faits qui avaient été racontés par un journal, le Tagespost, sous le titre de : Épisode d’un mouchoir chloroformé. La jeune fille donna les explications suivantes : Le révérend père Gabriel, de l’ordre des Carmes, mon confesseur, m’avait fait maintes fois des déclarations d’amour, mais j’avais refusé de me rendre à ses désirs. Un jour il me fit passer dans la sacristie pour m’entendre au tribunal de la pénitence ; là se trouvait un confessionnal particulièrement secret. À peine m’y trouvai-je installée que le père Carme enleva le treillis, passa le bras par l’ouverture et tint près de mon visage un mouchoir empreint d’une odeur extrêmement pénétrante. Je me sentis comme étourdie et, presqu’immédiatement, je perdis connaissance. J’ignore tout à fait ce qui a pu se passer entre ce moment et celui où reprenant mes sens, je pus me relever, rajuster mes vêtements et quitter le confessionnal……

Voilà ce qui avait eu lieu : le Carme avait ouvert une cloison mobile qui séparait les deux compartiments du confessionnal ; il avait abusé de ce corps rendu inerte et avait accompli un viol odieux. La jeune fille allait être mère sans même savoir qu’elle avait eu des rapports avec un homme.

Ce sont les Conciles, les Synodes provinciaux, les papes, les chefs d’Ordres, les grands dignitaires ecclésiastiques, d’accord avec les tribunaux séculiers qui signalent les prêtres, les moines, les frères de la doctrine chrétienne, enfin tous les congréganistes, comme suborneurs de filles, corrupteurs de femmes, entachés du vice de Sodome, abusant des fillettes et des garçonnets au tribunal de la pénitence et se rendant coupables de toute sorte d’abominations, de crimes et d’attentats envers leurs pénitentes !

On peut donc affirmer, d’après toutes ces autorités, que le clergé catholique a été et se trouve dans un état permanent de putréfaction morale.