Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/124

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dont la morale est si belle, & si utile au repos & à la tranquillité de la société ? S’il nous a appris à ajouter quelque chose à l’ancien judaïsme, ce sont des sentimens si épurés, qu’on voit bien qu’ils viennent du ciel ; & si Moïse ne les inspira point aux anciens juifs, c’est qu’il connut que la dureté de leurs cœurs les en rendoit incapables. Nous n’avons donc apporté d’autres changemens à l’ancienne religion, que d’épurer la morale, & de rendre à celui qui nous la prêchoit la gloire que nous lui devions. Nous n’avons point poussé les choses à l’extrême, comme les chrétiens ; &, au lieu qu’ils se sont entiérement éloignés du judaïsme, nous n’avons fait que l’épurer.

« Vous nous reprochez encore la profonde vénération que nous avons pour Mahomet. Pourquoi ne nous sera-t-il pas permis d’honorer l’envoyé de Dieu ; celui, qui, après Moïse & Jesus, est venu apporter la clarté en terre, & achever de perfectionner la loi de Dieu, dont il est le favori ?

« Voyons si vous n’avez pas fait des changemens plus considérables. Vous avez manqué dans votre dispersion,