Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/134

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parfaitement absous, moyennant quelques aumônes applicables à lui ou à son couvent. Si j’étois fort riche, peut-être m’obligeroit-on à faire quelque pieuse fondation. Mais alors j’aurois des restes de mon absolution ; & je pourrois donner quelques coups de bâton sur le marché fait, sans que cela me fût compté la premiere fois que je retournerois en faire le récit.

Cette absolution, dont les prêtres sont les seuls dépositaires, est pour eux les mines du Pérou & du Potose. Ils la regardent comme une terre dont la culture les nourrit : ils en ont réglé les revenus en trois différens payemens, qu’ils retirent les jours de leurs trois fêtes principales ; & par une grace spéciale, ils ont accordé aux jeunes seigneurs & aux dames de la cour, le privilége de payer dans une seule fois, mais dont rien ne peut les dispenser. Il y a cependant bien des gens qui fraudent les droits. Il s’est trouvé tel homme qui, à l’article de la mort, a avoué avoir fait cette contrebande pendant vingt & trente ans. Les petits-maîtres & les sçavans sont fort sujets à tromper la gabelle. Il y en a beaucoup des premiers qui ne payent qu’à l’extrémité, lorsque la maladie, les préjugés & la crainte les y oblige ; & dans le nombre des