Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/138

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au monde & qu’ils pussent être transportés dans Rome, sans être prévenus des changemens qui y sont arrivés ? Ils croiroient prendre leurs places au capitole, & les verroient remplies par une douzaine de monsignors. Ils trouveroient les anciens sénateurs métamorphosés en abbés, & l’ordre des chevaliers changé en un essaim de moines. Au lieu des licteurs & des faisceaux, qui précédoient & suivoient les consuls Romains, ils appercevroient un prélat escorté de ses estafiers, ou quelque cardinal qui se promeneroit in fioco [1] Que sont devenues les légions ?

Ils iroient au champ de Mars, & n’y trouveroient que des ronces & des serpens. Eh quoi ! Romains, s’écrieroient-ils, qu’est devenu votre amour pour la gloire ? Qu’avez-vous fait de cette ardeur martiale, qui vous rendit les maîtres du monde ? A ces discours, le peuple leur riroit au nez. S’ils demandoient à visiter les arsenaux, à voir l’état des armes, & la dépense que peut faire la république ; on les meneroit dans la bibliothéque du Vatican, on leur feroit voir les bulles d’excommunication qui ont été lancées, &

  1. En cérémonie.