Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/151

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examine, avec ses femmes-de-chambre, la bonne grace de sa robe & de sa coëffure. Le succès d’une mouche placée au coin de l’œil pour le rendre plus vif, ou mise auprès de la lévre, pour la faire paroître plus vermeille, est une affaire qui mérite une profonde attention. Vingt miroirs sont consultés avant qu’on se fixe à une détermination. Ces sortes d’agrémens ont tous des noms marqués, & qui expriment leurs qualités & leurs utilités. La mouche au coin de l’œil est tirée du nom d’assassin.

Une femme auroit moins de peine à rester enfermée, & prisonnière chez elle pendant dix ans, qu’à paroître un instant aux Tuileries sans être parée. C’est le nom qu’on donne au jardin du palais du roi, qui fait la plus belle & la plus agréable promenade de Paris. Elle est très-fréquentée dans la belle saison ; & c’est le rendez-vous ordinaire des petits maîtres. On les voit attentifs à répandre leur médisance sur tous les objets qui s’offrent à leurs yeux. Je ne sais, dit l’un, à quoi pense la présidente, mais en vérité, elle aurait dû ne pas amener l’abbé de *** aux Tuileries. Qu’elle reste avec lui toute la journée, j’y consens ; mais du moins elle ne devrait pas le conduire à la promenade : c’est braver le public trop hardiment. « Et pourquoi ne le feroit-