Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/166

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naturelle. De tout temps, les docteurs nazaréens ont diminué le prix de leurs ouvrages, par l’envie qu’ils ont eu de noircir leurs adversaires, & d’exciter contre eux la haine du public. Cette passion si contraire à la grandeur d’âme & à la sagesse, les a portés aux plus grands excès. Dès qu’ils ont commencé d’être appuyés de l’autorité des princes, ou de celle des peuples, ils ont prêché l’intolérance, & se sont crus en droit de ne point épargner les personnes les plus respectables : ils ont également déchiré les souverains & les simples particuliers.

Les François se récrient aujourd’hui sur l’affreuse licence des prédicateurs du temps de Henri III & de Henri IV. Ils condamnent hautement les actions de ces séditieux. Ils regardent comme contraire au bien public, & au caractere de l’honnete homme, l’opinion qui permet de se révolter contre son prince, & de lui manquer de respect, parce qu’il est d’une religion différente de celle de son peuple. Ils ne prennent pas garde, que ce qui est arrivé dans le temps de la ligue, avoit été pratiqué peu après la mort de Constantin, c’est-à-dire dès que les ecclésiastiques ont eu assez de crédit pour exciter des troubles & des divisions. Les prédications séditieuses de